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La baisse des prix des céréales continue à l’approche de la moisson

Les cours des céréales se replient tandis que ceux des oléagineux se stabilisent, selon le cabinet Argus Media.

Si les conditions de culture sont très hétérogènes dans l’hémisphère Nord, l’heure de la récolte arrive dans certains bassins de production et s’accompagne d’un repli des cours de céréales.

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Face à la pression grandissante des récoltes qui commencent, les cours des céréales ont poursuivi leur baisse cette semaine. Du côté des oléagineux, l’heure est à la stabilisation. Entre la tension du bilan du colza et les bonnes disponibilités sur celui du soja, les possibilités de substitution rassurent les opérateurs.

La pression de la récolte américaine entraîne le blé européen à sa suite

Depuis le début du mois de juin, le blé meunier rendu Rouen n’aura connu que deux séances de hausse, chutant à 220,5 €/t, après avoir cédé 12,5 €/t sur la semaine. Les éléments haussiers s’amenuisent dans le flux quotidien d’informations, la pression de la récolte de l’hémisphère Nord commençant à se ressentir.

En effet, les cours européens ne résistent pas à l’avancée de la moisson aux États-Unis où déjà 27 % des surfaces de blé d’hiver sont récoltées, les premiers échos de rendements rassurant les opérateurs. Premier facteur d’inquiétudes de ces dernières semaines, le potentiel de production du blé en Russie se stabilise désormais autour des 80-82 millions de tonnes, les conditions météo s’améliorant notamment sur les blés de printemps. Et s’il est encore tôt pour se prononcer sur la production argentine, les semis avancent rapidement, 65,5 % des blés étant emblavés, selon la Bourse de Buenos Aires, pour un total de 6,3 millions d’hectares, soit une hausse de 0,7 million d’hectares sur un an.

Dans le même temps, la demande mondiale reste timide et si le récent mouvement de correction a d’abord stimulé les intérêts égyptien et algérien, rares sont les autres importateurs à dynamiser leurs achats. Pour autant, la récolte ouest-européenne alimente toujours les inquiétudes, l’humidité accentuant la pression maladie.

Dans l’Hexagone, FranceAgriMer estime la part des blés en bonnes ou excellentes conditions à seulement 62 %, comme la semaine dernière mais en baisse de 21 points sur un an. Les moissons des grands exportateurs de l’hémisphère Nord permettront d’affiner les estimations de production, et de mettre en lumière la tension sur le bilan mondial du blé.

Dynamiser la demande en orge

Depuis le début du mois de juin, le marché de l’orge souffre d’un manque d’activité, entraînant la prime fourragère jusque –50 €/t la semaine dernière à Rouen. Ce regain de compétitivité tant vis-à-vis du maïs que des orges australiennes aura permis à la céréale française de retrouver de l’intérêt acheteur, la prime fourragère se redressant à –35 €/t pour un prix rendu Rouen de 190 €/t.

Il faut toutefois noter que la concurrence sur ce marché reste rude, d’autant que la moisson commence autour du bassin de la mer Noire. Les rendements y sont encore incertains et toute hausse de production par rapport aux estimations pourrait peser sur les cours. La récolte débute également timidement en France, au moment où 64 % des orges d’hiver sont en bon ou excellent état selon FranceAgriMer, soit une baisse de 1 point sur la semaine et 20 points sur un an.

De leur côté, les conditions des orges brassicoles rassurent pour le moment, 73 % des orges de printemps étant en bon ou excellent état. Ainsi, celles-ci ne parviennent pas à résister à la baisse du complexe céréalier, perdant 23 €/t sur le mois et étant désormais cotées à 257 €/t à Creil.

Stabilisation des cours du colza

Le marché du colza retrouve de la stabilité autour de la zone des 465 €/t Fob Moselle, en légère baisse hebdomadaire de 5 €/t pour s’afficher à 463 €/t Fob Moselle. Il faut dire que les incertitudes sont nombreuses concernant les potentiels de rendement en Europe.

Dans son rapport mensuel de la semaine dernière, le département du ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse son estimation de production de 500 000 tonnes, à 18,75 millions de tonnes. À l’est, les conditions de semis ont été difficiles, entraînant une baisse des surfaces, notamment en Roumanie. Plus à l’ouest et dans le Nord, le manque de rayonnement et les pluies continues des derniers mois ne rassurent pas. Dans ce contexte, les besoins d’imports de colza en Europe s’annoncent importants en nouvelle campagne, autour de 6,5 millions de tonnes.

Le développement des cultures reste sous surveillance chez les principaux fournisseurs mondiaux. Si les semis progressent rapidement et le début du cycle rassure au Canada, la hausse de l’activité de trituration limite les volumes disponibles à l’exportation. Les conditions de culture du canola dans le Saskatchewan, où se concentre plus de la moitié des surfaces canadiennes, affichent près de 80 % des surfaces en bonnes ou excellentes conditions.

Les regards se tournent également vers l’Ukraine et l’Australie, où les potentiels de production ne devront pas décevoir. Tout incident climatique dans ces zones de production rendra difficiles les approvisionnements en Europe et un rationnement de la demande sera nécessaire. Pour l’heure, l’activité de trituration reste dynamique, avec 1,58 million de tonnes de graines triturées en mai, contre 1,45 million de tonnes habituellement à cette période de l’année.

Bonnes disponibilités en soja à l’échelle mondiale

Dans le rapport mensuel de l’USDA de la semaine dernière, les ajustements ont été très peu nombreux. Il faut dire que l’office américain reste très conservateur sur les potentiels de production au Brésil, qui s’affichent toujours à 153 millions de tonnes. Les analystes locaux se montrent moins optimistes, à l’image de la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab), qui a revu son estimation de –300 000 tonnes, à 147,3 millions de tonnes la semaine dernière.

À l’heure où les récoltes se terminent, les retours des producteurs permettront d’ajuster ces estimations. L’arrivée de ces volumes de soja au Brésil permet d’accélérer les exportations, avec 13,5 millions de tonnes de graines exportées en mai, en ligne avec la moyenne habituelle à cette date de 13,1 millions de tonnes.

La compétitivité de l’origine brésilienne par rapport au soja américain reste sous surveillance. Plus au nord, les conditions de culture rassurent aux États-Unis, avec 70 % des surfaces en bonnes ou excellentes conditions, contre 54 % l’an passé à cette date. De plus, la hausse des surfaces pourrait permettre de retrouver une production américaine proche des records et au-dessus de 121 millions de tonnes. Les conditions climatiques resteront à suivre dans les prochains mois, à l’heure où les températures se réchauffent dans la zone de production.

Dans le même temps, la trituration a rebondi en mai, après un ralentissement au mois d’avril. Un volume de 5 millions de tonnes de graines de soja a été trituré en mai, contre 4,55 millions de tonnes en moyenne sur ces cinq dernières années et à cette date. À l’inverse, en Europe, la trituration de soja est inférieure à la moyenne, laissant davantage de place pour le colza et le tournesol dans les usines.

Les bonnes disponibilités de soja à l’échelle mondiale rassurent tout de même pour les approvisionnements de la nouvelle campagne. Les prix des tourteaux se stabilisent, désormais proche de 450 €/t en spot délivré Montoir.

À suivre : avancée des récoltes en hémisphère Nord, production de blé russe, retour de la demande des grands importateurs, conditions de culture du maïs et soja américain, écart de prix entre le colza et le tournesol, dynamisme de l’activité de trituration européenne, évolution de la parité entre l'euro et le dollar, regain de fermeté des cours du pétrole.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

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